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Blandine Legal Dornez s’est engagée à raconter aux lecteurs du Nénuphar,
ses souvenirs de jeunesse à Sainte-Geneviève, son village natal.

Plusieurs personnes n’aimaient pas le mois de mars, dû aux tempêtes qui nous arrivaient presque chaque année. Si l’on allait à l’école, c’était en traîneau tiré par notre vieille jument. Sinon, ça nous donnait la chance de nous amuser en famille avec des jeux inventés par nous-mêmes. Et l’on aimait faire de la lecture avec des livres prêtés par un voisin. C’était aussi des fois la semaine de relâche qui, en ce temps-là, était fixée en fonction de la fête de Pâques. On ne sortait que pour traire et soigner les vaches, et entrer de l’eau.

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Des fois, un ou deux d’entre nous étaient grippés alors il fallait rester au lit. Ça, c’était moins drôle. Si l’on toussait beaucoup, maman nous frottait avec de l’onguent camphré ou nous faisait une mouche de moutarde. Elle mélangeait de la farine, de la moutarde et de la graisse. Ce mélange était mis entre deux ou trois pages de papier journal et l’on gardait ça, pas plus de 20 minutes, sur l’estomac. Pas question de sortir du lit.

Je me souviens très bien du mois de mars 1964 où j’étais à l’hôpital pour notre dernier-né. J’avais téléphoné à mon mari pour lui dire de ne pas venir me rendre visite, car on ne voyait rien dehors. Et bien pour lui, ce fut un défi à relever. Il est venu avec un voisin. En retournant chez‑nous, il vit

une auto prise dans un gros banc de neige. Dans la voiture, il y avait un jeune couple avec un bébé. Mon mari et le voisin leur ont porté secours et mon mari insista pour les emmener chez‑nous. La dame se servit du petit lit de bébé, des couches, etc. Mon mari leur a fait à souper et leur a offert de rester à coucher à la maison. Le lendemain, ma voisine devait partir à Winnipeg pour mettre son bébé au monde. La tempête continuait. Donc, notre voisin, mon mari et le jeune homme sont tous partis pour la ville. La dame, qui ne parlait qu’anglais, resta à la maison avec mon garçon de cinq ans et mes deux filles de dix et onze ans. Deux jours plus tard, le couple et leur bébé

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sont partis pour l’Ontario sans nous laisser leurs noms ni leur adresse, ni de remerciements. On n’a jamais eu de nouvelles de ce couple.

 

Bizarre! Mais mon mari était très heureux de les avoir aidés. Le Bon Dieu fait bien les choses. Le couple en question aurait probablement trouvé la mort dans ce banc de neige en pleine grosse tempête.

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