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Blandine Legal Dornez s’est engagée à raconter aux lecteurs du Nénuphar,
ses souvenirs de jeunesse à Sainte-Geneviève, son village natal.

Mai. Quel beau mois! Enfin le beau temps. C’est le temps de semer le jardin si l’on veut déguster les bons petits légumes frais durant la belle saison. Maman semait quantité de belles fleurs et connaissait tous leurs noms. Il y en avait de toutes les couleurs tout près de la maison.

 

Nous marchions à l’école avec les enfants de nos voisins. Une des filles avec qui j’étais amie[1], et moi-même, avions convenu que si je partais la première pour l’école, je déplaçais une roche placée près de l’entrée, et elle faisait de même. Ainsi, nous n’attendions pas l’autre inutilement. Le midi, nous revenions dîner à la maison. En s’approchant de nos maisons le vendredi midi, nous pouvions sentir les crêpes que nos mamans nous préparaient ce jour-là. Comme d’habitude, la première à repartir pour l’école déplaçait la roche. Nous nous étions aussi inventées un jeu : « Faut pas marcher sur l’herbe. » Il y avait tellement de roches le long du chemin entre de chez nous et à l’école, que nous pouvions uniquement marcher que sur les des roches sans toucher l’herbe. Celle qui touchait l’herbe était perdante. On s’amusait avec peu de chose quand on est jeune.

Un jour, partie acheter quelque chose au magasin du village, j’aperçois une couleuvre sur mon chemin. J’ai eu tellement peur que j’ai mis les freins tout d’un coup, ce qui m’a fait dégringoler de ma bicyclette. J’avais les genoux et les coudes tout écorchés.

 

Pour le reste de l’été, j’y pensais chaque fois que je passais au même endroit. La semaine suivante, en ramassant de la rhubarbe, j’ai vu une couleuvre dans un plant. J’ai couru à la maison sans rhubarbe et pour le reste de l’été, j’ai dû demander à quelqu’un d’autre d’aller chercher la rhubarbe dans le jardin.

Je n’aimais pas non plus les crapauds. Si j’en voyais un dans le jardin, je creusais un trou avec la gratte, y poussais le crapaud et l’y enterrais en paquetant la terre pour l’empêcher de sortir. Pauvre crapaud... mais je ne pouvais pas m’en empêcher. Vous allez me trouver méchante, mais au moins, je n’allais plus le revoir celui-là. J’aimerais mieux rencontrer un gros ours qu’une couleuvre ou un crapaud.

[1] Élizabeth Dornez, devenue ma belle-sœur par la suite.

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