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Geezhigokwe, la Femme-du-Ciel

 

Les Autochtones conçoivent le monde de la création comme étant inscrit dans un cercle de vie. C’est pourquoi mon tambour est rond, car il représente le ventre de notre Mère-la-Terre. Écoute le son de Tewigan le tambour, c’est le son de la vie, c’est le cœur qui bat! Écoute Tewigan le tambour, il va te raconter le récit de Geezhigokwe, la Femme-du-Ciel. Ce récit fait partie de l’origine de mon peuple, perçu à travers les yeux de mes grands-parents et transmis en héritage. Garde-le près de ton cœur et bien imprégné dans ton esprit.

« Au commencement, qui n’a pas de commencement, Kije-Manito, Grand-Esprit-Créant-tout-l’Univers, avait partagé ses dons à tous les êtres vivants, aux roches, aux plantes et aux animaux, ceux qui nagent, volent, rampent ou se déplacent à quatre pattes, afin qu’ils puissent vivre heureux et en accord avec les lois naturelles.

 

Puis, Kije-Manito a créé l’Anishinaabe, l’être humain, et lui donna un don précieux, celui de la vision ou la capacité de rêver. Chacun avait une tâche à accomplir pour respecter les lois naturelles, vivre en harmonie et assurer son bien-être. Kije-Manito faisait partie de la musique, des rires et des larmes, du courage et de la peur, du pouls de toute vie. Cependant, les Anishinaabeh ne purent perpétuer l’harmonie entre eux.

 

Soudain, un grand déluge! L’eau débordait de partout! Bientôt la terre, les montages et les arbres furent inondés. Beaucoup de plantes et d’animaux périrent, engloutis sous l’eau. L’équilibre entre la terre et l’eau était rompu. Tous les Anishinaabec sont morts.

 

Cependant, ailleurs, il y avait un autre monde habité par le Peuple-du-Ciel. Les quelques survivants du déluge qui savaient nager comme la tortue, le castor, le rat musqué, la grenouille et les poissons appelèrent Geezhigokwe, la Femme-du-Ciel, la priant de leur venir en aide.

 

Geezhigokwe, la Femme-du-Ciel, entendit leur appel. Elle descendit à travers les nuages, aidés des canards et des oies sauvages qui demandèrent à Mishkehn la Grande-Tortue, de refaire surface pour que Geezhigokwe puisse déposer ses pieds sur son dos.

 

Geezhigokwe demanda aux animaux d’aller lui chercher un peu de terre au fond de l’eau. Amik, le castor s’offrit en premier, hélas, il revint noyé, le corps complètement retourné. Maang, le huard plongea à son tour, mais ne revint jamais. Inquiets, les animaux se regardèrent. C’est alors que l’on entendit une toute petite voix : « Moi j’irai rapporter un peu de terre du fond de l’eau. » Elle venait de Wazhashk, le Plongeur, le rat musqué.

 

Il plongea de plus en plus profondément et après un certain temps, ressortit, à son tour le corps complètement renversé. Mais Geezhigokwe recueillit entre ses griffes trois grains de sable. Doucement, Geezhigokwe étendit de la terre tout autour de la carapace de Mishkenh la Grande-Tortue. Puis, elle donna un nouveau souffle de vie. La terre se mit à grossir et à grossir jusqu’à ce qu’elle prenne la forme d’une grande île.

 

Alors Amik, le castor construisit des digues permettant de retenir l’eau et d’assécher la terre, Wazhashk, le rat musqué creusa des rigoles et Geezhigokwe se mit à semer des graines dans la terre afin de faire pousser le maïs, la courge et le haricot. Elle leur donna le nom des Trois Sœurs.

 

C’est sur cette île que la Femme-du-Ciel donna naissance à un garçon et à une fille, Anishinaabeh et Anishinaabekwe. Maintenant, le cycle de vie était complété. La Création, la Destruction et la Renaissance.

 

Quand le peuple Anishinaabec fut en sécurité, Geezhigokwe, la Femme-du-Ciel, appela tous ses enfants de la terre et leur annonça que c’était le moment de repartir chez elle dans le ciel. Et lorsque leur vie à leur tour prendrait fin alors, ils pourraient la rejoindre là-haut.

 

Depuis, les Anishinaabec prennent soin de la Grande Île, qu’ils appellent avec respect, notre-Terre-Mère, autrefois Mishkehn la Grande-Tortue, en souvenir de Geezhigokwe, la Femme-du-Ciel, qui leur a donné vie et qui a permis la renaissance du monde! »

 

 

Note : Ce récit a été recomposé par l’auteure et conteuse Dolorès Contré Migwans à des fins éducatives après avoir entendu plusieurs versions algiques et iroquïennes de l’histoire de la création ou du récit de la Femme-du-Ciel.

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