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À l’aube de 2007, année des 18 ans d’Élianne, la vie est belle. Elle étudie en bio-écologie et se dirige en biologie marine. Elle est athlète en vélo de montagne, a un amoureux et part pour le Mali visiter son frère et sa famille... Élianne est heureuse. Jusqu’à la journée fatidique où sa vie bascule.

Les textes de cette chronique proviennent d'extraits de courriels envoyés à la famille par Jocelyne, sa maman. L’histoire d’Élianne m’a bouleversée et je voulais vous donner la chance de la lire. Pour vous faire connaître un peu Élianne, nous avons débuté cette chronique dans le numéro de mai 2017 par son voyage au Mali avec Jocelyne. Nous vous recommandons cette lecture préalable. MISE EN GARDE : certaines images et textes peuvent heurter la sensibilité des personnes non averties.

Encore des complications!

Message de Charlotte, le 20 juillet 2007

 

J'ai passé plusieurs heures avec Élianne hier. Elle a eu une journée et surtout une nuit difficiles. Sa plaie à la cuisse s'était rouverte en journée et ils ont dû l'opérer pendant la nuit, car une artère était endommagée et elle saignait. Élianne a même dû recevoir une transfusion de toute urgence, à cause d'une importante chute de pression. Jocelyne n'a pas dormi de la nuit, elle est épuisée!

 

Il faut donc encore penser très fort à nos deux combattantes courageuses, Élianne et Jocelyne.

 

Charlotte

21 juillet

 

Honnêtement, je ne pensais pas vous écrire avant lundi matin. Les choses se sont cependant compliquées depuis jeudi. Comme je vous l'ai dit, ils ont opéré sa cuisse mardi matin. Les médecins ne savent pas pourquoi, je me demande si c'est une conséquence de l'opération ou si cela aurait eu lieu de toute façon à cause du muscle nécrosé, je ne sais pas, toujours est-il qu'il y a eu un saignement important dans sa cuisse.

 

Jeudi, durant la journée, elle n'était manifestement pas bien. Sa cuisse était très enflée et l’on attendait que le radiologiste vienne faire une échographie, pour ensuite faire une ponction. Les médecins croyaient avoir affaire à une collection de sang et de liquide séreux. Élianne était visiblement inconfortable et un peu souffrante aussi, son rythme cardiaque était assez élevé toute la journée (environ 120-125). Après que j'ai insisté auprès de son infirmière, elle a daigné appeler le médecin qui a demandé au radiologiste de mettre cela à son programme le plus tôt possible. (J'en aurais long à dire sur la qualité des soins infirmiers dans ce département : elles sont jeunes, gentilles, assez compétentes pour les « techniques », mais elles semblent traiter les patients comme des numéros, du moins pour une bonne partie d'entre elles.) En fin de compte, le radiologiste n'a presque rien ponctionné, il a découvert un gros hématome et les médecins ont alors prévu d'aller en salle d'opération vendredi matin pour le retirer.

 

Je suis donc partie très inquiète pour ma pièce de théâtre, je vous avoue que je n'en ai pas trop profité, même si c'était assez drôle, j'étais fatiguée et je cognais des clous parfois. Au retour du théâtre, la bombe!

Durant la soirée, son pouls est monté à 150, ils étaient venus ouvrir la plaie à son chevet et cela saignait assez abondamment. Nico m'a téléphoné pour me conseiller de venir à l'hôpital, les résidents étaient avec elle. Elle avait fait une grosse chute de pression, elle était en état de choc, car elle avait trop saigné. Je trouve cela inconcevable que personne n'ait vu cela venir, cela fera partie de mes sujets de discussion avec son médecin. On a failli la perdre, cela a pris du temps avant de pouvoir installer une voie centrale et de la transfuser, son taux d'hémoglobine est passé de 99 à 68 en 2 jours.

 

En 24 heures, elle est retournée en salle d'opération, ils ont suturé trois petites artères. Ensuite, elle s'est fait installer un filtre dans la veine cave, car ils ont arrêté de lui administrer des anticoagulants et ils ne veulent pas qu'elle fasse une embolie pulmonaire à cause de petits caillots qui pourraient se former. Ensuite, elle est retournée passer une angiographie pour faire « emboliser » deux autres petites artères qui saignaient aussi. J'ai passé la nuit de jeudi à vendredi avec elle et je suis épuisée et inquiète.

 

Tout semble être maîtrisé pour l'instant. Le plus dur là-dedans, c'est l'impression qu’elle est revenue loin en arrière. Elle est faible, fatiguée et semble découragée. Je la comprends et je ne sais plus trop quoi lui dire. Il me semble qu'on commençait à trouver notre « rythme », il me semblait aussi qu'elle voulait avancer. Là, j'ai peur qu'elle se décourage devant cette nouvelle épreuve, pas question pour l'instant de petites sorties en soirée sur le balcon, qui lui faisaient tellement de bien, c'est un peu comme si l’on était une gang de menteurs à lui dire toute la semaine que tout ira bien... Je lui ai déjà expliqué ce qui se passait, mais je crois qu'elle lisait l'inquiétude sur mon visage, ses yeux sont assez parlants par moments. Je vais tenter de lui reparler aujourd'hui.

 

Je vous tiendrai au courant la semaine prochaine des nouveaux développements, en espérant avoir de meilleures nouvelles à vous donner.

 

CONTINUEZ DE PENSER TRÈS FORT À ELLE, IL SEMBLE QUE L'ON NE PEUT RIEN TENIR POUR ACQUIS ET ELLE A ENCORE BESOIN DE TOUTES VOS ÉNERGIES ET VOS PRIÈRES.

 

 

24 juillet

 

Le cadeau de Gilbert

 

Hier, c'était l'anniversaire de Gilbert et sa fille lui a fait un beau cadeau : elle l'a embrassé! Il était tellement content.

 

Durant la soirée, avant qu'il arrive, j'avais dit à Élianne que c'était la fête de Gilbert et qu'elle devrait s'exercer à lui donner un bec, ce que nous avons fait, je lui ai rappelé comment faire un bec avec sa bouche.

Durant la soirée, Gilbert s'est penché vers elle en lui demandant si elle voulait lui souhaiter bonne fête et elle l'a embrassé! Par la suite, elle l'a refait.

 

Maintenant ça va mieux. Ils ont réglé ses problèmes de saignement, j'ai vu que durant la nuit de jeudi à vendredi son hémoglobine était tombée jusqu'à 50!

 

Là, c'est remonté autour de 90 et c'est sur la bonne pente. Ils vont probablement la réopérer aujourd'hui pour refermer sa cuisse qu'ils ont dû rouvrir, le résident en ortho qui m'a rencontré hier m'a bien spécifié qu'elle serait étroitement surveillée, mais qu'en ce moment, ses valeurs de coagulation sont très bonnes.

 

Depuis que je suis là, j'ai toujours rassuré les parents qui s'inquiétaient de voir leur jeune contentionné, je leur ai toujours dit que c'était bon signe, qu'il bougeait suffisamment pour devoir être attaché. BEN, ON EN EST RENDU LÀ NOUS AUSSI : Élianne doit maintenant avoir le bras droit contentionné quand on n’est pas là, car elle le bouge assez bien et qu’elle risque d'arracher des tuyaux importants tels que ceux pour sa trachéo et son oxygène. Dans la nuit de dimanche à lundi, elle a glissé sa main dans son pansement sur sa cuisse. Elle a joué là-dedans (on parle d'une plaie ouverte) et a tiré sur les lacets qui maintenaient le tout, etc. Angie, son infirmière, l'a surprise en pleine action!

 

On a vraiment passé un bon week-end côté infirmière, on a eu Nathalie le jour et Angie le soir, elles sont super. Malheureusement, elles ont droit à des congés et l’on change aujourd'hui. Le nouveau médecin pour cette semaine est un inconnu pour moi (un des derniers) : le Dʳ De Rico. Il est vraiment gentil et je n'ai entendu que de bons commentaires à son égard, il semble être aimé par tous et il paraît qu'il est très bon. Je l'ai rencontré hier, je l'ai trouvé très respectueux d'attendre qu'Élianne ait fini avec l'ergothérapeute avant d'aller la voir, de considérer que ce temps était important pour elle.

 

Élianne respire maintenant sans respirateur depuis plus de 48 heures et cela se passe bien. Le dernier scan thoracique a montré une disparition presque complète de l'abcès au poumon. J'ai pas mal d'autres questions à poser à son médecin, je le rencontre officiellement aujourd'hui (mon rendez‑vous de la semaine).

 

Quant à moi, j'ai profité d'une soirée de congé dimanche soir pour me baigner au lac Doré et manger, en compagnie d'amis, un super jarret d'agneau et boire du bon vin. Cela m'a fait du bien.

 

J'essaierai de vous donner des nouvelles vendredi, je sais que plusieurs d’entre vous s’apprêtent à partir pour aller à Cape Cod et j'espère que vous pourrez y aller l'esprit en paix.

 

Je vous embrasse et l’on ne lâche pas!

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